À travers le fait qu’une mère porteuse porte la vie ou que des parents attendent la vie, mille émotions se passent aussi bien pour la personne qui porte la vie, que pour les personnes qui vont recevoir cette vie. La mère porteuse est un sujet tabou, ou il existe des règlementations suivant différents pays, légalisés dans certains, interdit dans d’autres.
Aux États-Unis, la mère qui porte n’est pas considérée comme la mère légale, si l’embryon n’est pas de celle-ci et s’il y a eu un contrat. En Europe, la mère de substitution peut faire marche arrière. À côté de toutes ces règlementations, il y a aussi le motif, l’argent, un cadeau de soi. Mais cet article n’est pas pour parler du motif d’une part et d’autres.
Cet article a pour but qu’au-delà de l’acte, il y a une mère qui porte la vie et des parents qui vont vivre une grossesse extracorporelle et un tourbillon d’émotions. D’un attachement à ceux qui attentent au détachement de celle qui porte. De la fierté de donner naissance à la tristesse d’abandonner, dans l’angoisse d’attendre ce bébé sans le porter, à la joie de l’avoir bientôt…
Des vagues émotionnelles ou le rôle de doula sera d’accompagner tout ce monde sur le chemin de la sérénité.
L’accompagnement de la mère porteuse
Une mère de substitution, c’est le choix de porter la vie pendant 9 mois et d’offrir cette vie à quelqu’un d’autre.
Au-delà des différents motifs, l’argent, faire plaisir à sa famille, à des amis ou tout simplement vouloir faire le don de soi en portant la vie, ce sont des femmes qui acceptent qu’un petit être grandisse en eux et qui vont vivre 9 mois d’intenses émotions.
Le rôle de la doula sera d’accompagner la mère qui porte tout au long de sa grossesse, à l’accouchement et en période post natale. L’accompagnement passera par l’écoute de ses besoins et de ses désirs.
Ce n’est pas parce qu’elles font un don de soi qu’elles ne peuvent pas avoir le choix de leur plan de naissance. Mais ici, leur plan de naissance, elles devront le faire avec les parents receveurs.
Accompagner les émotions
Dans les nombreuses émotions qu’accompagnent la grossesse, chez chaque femme il y a la peur de l’inconnu. Ces femmes auront comme but de donner la vie pour quelqu’un d’autre. Et le rôle de la doula sera de les amener vers un chemin de naissance qui soit serein pour elles. Car pendant l’accouchement, celles-ci seront tiraillées par la fierté de donner naissance et la tristesse de se séparer de l’enfant.
Pendant l’accompagnement de la grossesse, ces mères de substitution devront prendre soin d’elles et du bébé à venir. Mais il est fort possible qu’elles aient également de la difficulté à ne pas s’attacher à ce bébé. Pendant 9 mois, ou une femme habituellement s’attend à accueillir ce bébé et à commencer une vie de parent, elles devront apprendre à ne pas s’attacher et même à se détacher. Quelle difficulté de voir son ventre s’arrondir, de sentir le bébé, de lui parler, de caresser ce ventre et savoir qu’au final, l’enfant y est pour quelqu’un d’autre. C’est vraiment pour la mère de se dire, j’aime ce bébé, mais je ne peux pas l’aimer..
L’accompagnement par une doula, pour la mère de substitution, peut s’avérer bénéfique pour celle-ci. Car les accompagnements se font dans l’empathie, et ce, sans jugement.
Lors d’une petite enquête sur des forums, beaucoup de mamans m’ont fait part de leur première motivation d’être mère porteuse. Elle était de donner de l’amour, de la vie et de faire plaisir a des personnes sans enfant. Elles étaient traversées par cette joie et cette fierté d’avoir donné de la vie.
Mais une fois le bébé mis au monde, la mère porteuse rentre à la maison sans le bébé. Car même si l’embryon et l’ovule viennent d’une autre femme, celle-ci, qui a senti le bébé bouger pendant 9 mois rentre les mains vides. Ces femmes s’attendaient à ce retour. Mais il est important, en tant que doula de les accompagner en post-natal pour qu’elles puissent livrer sans pudeur leur récit de l’accouchement. Cela fait partie de leur histoire, fera partie de leur passé et le babyblues dû à la chute des hormones, elles peuvent l’avoir aussi.
Le rôle de la doula sera également de donner des conseils au besoin, par exemple faire de la kiné postnatale, du sport, se réapproprier son corps de femme.
L’accompagnement du couple
Pour diverses raisons, un couple fait le choix de demander une mère porteuse. Pendant l’attente, il est à la recherche de la personne idéale. Beaucoup de couples européens vont en Amérique, car il existe là-bas des contrats et ils seront assurés qu’ils pourront revenir avec le bébé.
Quand le miracle aura eu lieu, une longue attente va commencer. Le rôle de la doula ne sera pas d’expliquer le processus de la grossesse, ni de l’accouchement. Il sera de les écouter, car quoi de plus angoissant pour des futurs parents que d’attendre un enfant à travers un autre ventre. Il faut également considérer que la future maman aurait peut-être aimée être enceinte.
Bien accompagner la future maman en l’écoutant, en lui conseillant diverses personnes-ressources et en établissant un plan de parents, fera en sorte qu’elle sera prête à accueillir son bébé, sans le regret de ne pas l’avoir porté.
Voici un témoignage d’une sage-femme qui a été chez une maman qui a eu recours à une mère porteuse: « le fait de ne pas avoir été préparée, de ne pas avoir déposé ses émotions a fait que la mère n’arrivait pas à établir un lien mère-bébé. Elle passait des heures dans la baignoire a essayer de vivre la grossesse. »
Une maman qui aura été bien préparée à la venue de son bébé, sans en vivre la grossesse, lui permettra de déposer les émotions qui la submergent pendant la période de cette grossesse extra corporelle et sera plus sereine une fois le bébé remis.
L’allaitement
Bien souvent, le bébé reçoit le lait maternel au tout début. Si la mère qui a porté l’enfant est d’accord, celle-ci pourra continuer à tirer son lait et aller le porter pour le bébé. Mais il arrive également que les femmes refusent.
L’allaitement peut être fait par la mère du bébé, même si celle-ci ne l’a pas porté. Dans le temps, il existait des femmes nourricières.
En Belgique et en France
La difficulté de l’affiliation
En France, l’enfant né d’une mère porteuse n’est malheureusement pas encore reconnu d’un point de vue familial. Par exemple, celui-ci ne pourrait pas hériter de ses nouveaux parents. Ceux-ci doivent alors entamer des démarches d’adoption. Car en France et en Belgique, la mère qui a porté et donné la vie peut faire marche arrière, si l’enfant est née sur le sol français et belge. 55 % des Français sont pourtant en faveur de la gpa “gestion pour autrui”. S’ils vont en Amérique chercher le bébé, le lien d’affiliation sera établi après une série de démarches.
D’où accueillir un bébé venant d’une mère porteuse sera une source de stress et le rôle de la doula sera d’accompagner et de soutenir les parents pendant cette longue période d’attente.
En conclusion
En tant que doula, il est important d’accompagner ces personnes dans le non jugement, l’empathie et la bienveillance afin que ceux-ci soient dans un processus d’attachement ou de détachement le plus serein possible.
Par Aurore SC, étudiante à la certification doula & coach en ligne
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