Pendant le confinement… Je suis devenue Doula
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Pendant le confinement… Je suis devenue une DOULA. Je vous partage mon parcours avec humour. Peut-être vous reconnaîtrez-vous?

 

Journal de bord…

Décembre 2019… Première semaine de ma nouvelle formation à Bruxelles. J’ai choisi de suivre une formation de Doula mais pour être honnête, de prime abord ce terme ne m’inspire absolument pas. En étant pourtant dans le domaine de la petite enfance depuis toujours, je n’ai appris l’existence des Doulas que par hasard, un soir de surf sur la toile. Je me suis laissé convaincre par une douce voix au téléphone mais je n’en mène pas large.

 

Mais qu’est ce que je fais là ?

Parce que personnellement ce nom résonne en moi comme un truc hyper spirituel (quoique dans ma région cela résonne plus comme une expression un peu ridicule). Je n’ai effectivement rien contre les choses naturelles et la spiritualité mais ce n’est pas vraiment mon kiff (maman d’ados bonjour).

Je m’imagine donc arriver dans un groupe de femmes sapées en mode hippie ou presque, sarouel, dreadlocks et les clichés qui vont avec… J’imagine qu’on va me sortir les mots chakra et tantra. Peut-être va t’on me montrer des vidéos où les femmes à l’état sauvage mangent leur placenta sur un air de cornemuse (oui je sais mais j’aime bien le mot). Peut-être que je vais devoir apprendre à sortir des sons bizarres afin d’invoquer la déesse du Yoni…Bref me voici donc moi et ma panoplie de préjugés en route pour Bruxelles.

 

Bruxelles ma belle…ou pas !

Alors pour faire court, Bruxelles pour les ptits belges de villages, c’est comme Paris pour les gens de province. La capitale c’est la jungle et en plus, je dois m’y rendre en train… Moi qui depuis toujours travaille chez moi, dans ma bulle, c’est une véritable expédition. L’angoisse de la nouveauté me gagne, peur de l’inconnue, manque de contrôle… crocodile te voilà… welcome ???

 

Bye bye préjugés…

Bien évidemment, mes clichés n’étaient pas fondés. Je me suis trompée (ne dit t’on pas que l’erreur est humaine?). J’ai passé une semaine avec des femmes que je ne connaissais pas et pourtant, le dernier jour me rend nostalgique. Je ressors de cette semaine chamboulée, j’ai du y affronter quelques uns de mes crocodiles. J’ai parlé placentophagie et j’en garde un souvenir mémorable.

Mais je suis, au bout de cette semaine, à l’aise avec l’idée et j’ai la sensation que quelque chose à changé en moi. De plus, je me sens unie avec ma nouvelle sororité, je me sens bien mais… ce que je veux devenir c’est coach périnatale. Je ne me sens pas encore à l’aise avec ce mot de Doula. Coach périnatal sonne mieux pour moi, c’est dans mes cordes .

 

Hiver 2020

Janvier, février, mars… Les fêtes sont passées, le train-train me rattrape (et ce n’est pas celui pour Bruxelles). Le travail, les enfants, le travail…les week-ends avec mes soeurs de formation me font du bien, mais dans un petit coin de ma tête je doute…

Depuis toujours, je travail aux côtés des jeunes parents, je suis à leur service, je suis disponible, je les aide, je souris quand ils en ont besoin, j’écoute, je conseil à l’occasion. Mais malgré tout, je suis rattrapée par l’ingratitude humaine, par des situations qui me font du mal. Je donne beaucoup de ma personne, mais à quoi bon quand on voit parfois le résultat. Je ne suis plus certaine de vouloir être encore une fois au service d’autrui. J’ai peur de souffrir, encore…

Je continue la formation, mais je n’arrive plus à me concentrer. Je ne comprends pas toujours ce que l’on attend de moi et ce que de mon côté je désire… Je ne veux peut être plus devenir une Doula ! 

 

Voilà que pointe le printemps…voilà que se venge le Pangolin…

Nous voici mi-mars, c’est la période de mon anniversaire… Le 18 mars exactement et cette année on peut dire que j’ai été gâtée puisque c’est la date que mon pays à choisi pour commencer ce fameux confinement. C’est aussi ce jour là que le covid-19 s’est invité dans mes poumons !!! Bref, je traverse donc comme beaucoup une longue période de latence. Le monde entier est en pause, tout s’arrête ou presque, plus de train-train ni pour Bruxelles ni pour ailleurs.

Les familles se retrouvent isolées, chacune dans son foyer (quand elles ont la chance d’en avoir un bien entendu) et il y a aussi ces familles en devenir, ces futurs parents qui se voient d’un coup privés de suivis. Plus de visites chez le gynéco, plus de sage femme à la maison, plus de cours d’haptonomie, plus de yoga prénatale même plus la possibilité d’échanger avec les membres de la famille…

 

La rencontre

Début mai 2020, Je fais partie de ces métiers dit “essentiels”. Après ma mise en quarantaine, je reprends donc directement le travail, mais au ralentis. Un seul petit bout dans mon milieu d’accueil… Nous partons parfois nous promener un peu au parc. Masque sur le visage, me voici à contempler les nuages.

Ce jour là, j’observe une dame avec une poussette rose qui se rapproche de plus en plus de l’endroit où je me trouve. Je vois dans ses yeux de la fatigue, je vois également qu’elle cherche à me reconnaître et à m’aborder. C’est ce qu’elle fait au bout de quelques minutes. Cette dame m’explique donc brièvement qu’elle me connaît, qu’elle sait que je suis une professionnelle de la petite enfance et qu’elle a besoin d’aide car les consultations pour nourrissons sont fermés.

Elle n’a personne autour d’elle pour la conseiller. Elle se sent terriblement seule et perdue avec ce nouveau bébé qu’elle a mis au monde dans des conditions tellement particulières. Il a été question du sommeil de bébé, de l’allaitement, de sa prise de poids et tant d’autres questions légitimes de nouvelles mamans. Je me suis donc retrouvée avec cette jeune mère à marcher sur le trottoir, masque sur la bouche, à la rassurer dans son rôle et à la conscientiser sur ses capacités.

De mon côté, cette maman, cette inconnue pour moi ne le sait pas, mais elle a été le déclic. Elle a été pour moi l’évidence qui manquait à mes doutes.

Le 5 mai 2020 je me sens à l’aise avec le terme DOULA (je connais la date parce que j’en ai parlé directement à ma sororité).

 

Dimanche 31 mai 2020, de nature perfectionniste et même avec mes doutes de début d’année, j’avais tout de même entamé mes stages pratiques. Tout simplement parce qu’étant dans le métier, j’avais l’occasion de suivre de près et à long terme la grossesse de trois mamans durant le confinement. Quand je me sentais bien je prenais de leurs nouvelles. J’avais instauré des petites séances en visioconférence et j’essayais de les soutenir comme je le pouvais durant cette période si particulière. J’avais également organisé à la fin du mois une petite balade au bois avec deux d’entre elles et ce fut un moment si agréable.

Mais ce dimanche c’était un jour spécial, je partais pour ma première rencontre postnatale à domicile. J’avoue qu’en me réveillant ce matin là, je n’étais de nouveau pas à l’aise avec l’idée de me rendre dans un endroit inconnu (haaa ce fameux crocodile). Si  j’avais pu trouver une excuse pour ne pas y aller je l’aurais fait. Je me demandais quoi faire, quoi dire, comment me comporter ? Qu’est ce que ma visite allait bien pouvoir apporter à cette famille ?

Je suis donc arrivée la boule au ventre avec un peu de retard. Je m’étais excusée d’avance et sous mon masque, je portais le sourire des beaux jours. C’est le papa qui m’a ouvert la porte, tout sourire, heureux de pouvoir de nouveau accueillir quelqu’un dans son foyer.

 

Bulle de bonheur, plaisir partagé.

En entrant dans leur bulle (parce que vraiment ça en était une), je me suis sentie très vite envahie par ce bonheur et ce plaisir de la vie. Ce petit être recroquevillé dans les bras de sa mère, cette atmosphère si paisible, cette maman si radieuse qui allaitait son tout-petit devant moi sans pudeur, sans gêne ni d’un côté, ni de l’autre. J’ai écouté chaque détail de ce moment si intime et quel moment. Une naissance avant terme, une naissance à la maison, une naissance en couple, un papa si fier d’avoir pu répondre aux besoins de sa femme, une maman si comblée d’avoir donné naissance en compagnie uniquement de l’homme de sa vie. Sans oublier le grand-frère, à qui j’avais apporté un petit présent et qui semblait si tranquille avec cette nouvelle arrivée fraternelle.

À aucun moment de ma visite je ne me suis sentie “pas à ma place”. J’ai été à l’aise et même émue à l’idée qu’ils aient voulu planter le placenta sous un arbre. J’ai très vite compris ce dont ils avaient besoin, ce qu’ils attendaient de moi. Ce confinement les avait privé de la joie de partager leur bonheur “en vrai” et moi j’étais là et je buvais chacune de leurs paroles. Mon sourire n’était plus artificiel, le bonheur se lisait dans leurs yeux mais également dans les miens. J’avais enfin compris l’essence même du métier de Doula.

Une Doula c’est quelqu’un qui écoute, qui entend, qui partage ses savoirs quand on le lui demande, qui guide (spirituellement ou non). Une Doula c’est une personne présente qui sent quand et comment elle doit agir ou pas. Une Doula est là quand on a besoin d’elle et sait se faire discrète quand ce n’est pas (ou plus) le cas. Une Doula peut porter un sarouel, parler chakra, proposer des soins rebozo, des tentes rouges mais elle peut aussi se déplacer à moto, porter une veste en cuir, avoir d’énormes tatouages sur le corps, avoir un petit grain de folie ou pas.

Une Doula est unique, elle correspond parfois aux attentes des parents, parfois pas. Une Doula c’est une question de feeling, un choix réciproque, une Doula c’est tellement tout ça et plus que ça… Bref, je sais être une coach périnatal, c’est dans mes cordes… Pendant le confinement il y a eu la naissance de ce petit garçon, mais pas que…

 

Pendant le confinement… Je suis devenue une DOULA .

 

Virginie Portier

Finissante de la certification Doula/coach périnatal © de la Faculté École Doula de l’École internationale d’accompagnement Cybèle

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Date de publication :

  • 13 Juin, 2022
  • © École internationale d’accompagnement Cybèle Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

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